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  3. Les horizons / Aglaé Bory

Aglaé Bory

Les horizons, cartographie des possibles

La photographe Aglaé Bory est la lauréate de la première Résidence Ruralité(s), initiée par le Festival Photo La Gacilly en partenariat avec Les Champs Libres. La série photographique issue de son travail en immersion sur le territoire breton est ainsi présentée simultanément aux Champs Libres et au Festival Photo de La Gacilly.

L’oeuvre d’Aglaé Bory, dans laquelle le portrait est central, interroge notre humanité et notre relation intime au paysage, qu’il soit géographique ou humain, métaphorique, réel ou fictif. Lors de cette résidence, elle explore la figure, réelle et symbolique, de la ligne d’horizon, cet espace où l’intériorité des habitants peut prendre corps.

Image cliquable (vidéo interview Aglaé Bory) renvoyant vers article KUB sur Ruralités

Dans le cadre du Festival Photo La Gacilly, découvrez le montage de l'exposition Ruralité(s) d'Aglaé Bory, des essais d’accrochage à la mise en place en plein air.

En savoir +

À la Bibliothèque des Champs Libres, la série Ruralité(s) trouve un second mode d'exposition, et questionne le regard porté sur le quotidien d'une population en marge du cœur de la société.

En savoir +
Podcats : Regarder les autres et leurs horizons (interview d'Aglaé Bory)

 

Pour compléter, écoutez notre interview d'Aglaé Bory : dans le podcast Prendre soin du monde, elle revient sur son travail autour de Ruralité(s).

Informations pratiques

 Du mardi 6 juillet 2021 au dimanche 2 janvier 2022

Escaliers de la Bibliothèque

  Gratuit

En partenariat avec le festival photo La Gacilly

Communiqué de presse
[ 2.67Mo ]
Photo cliquable, lien vers le projet Traversée Photo Bretagne

Photo : Jean-François Robert

« On emprunte au réel, on ne fabrique rien » : entretien avec Aglaé Bory

Les Champs Libres : Vous exposez « Les Horizons, cartographie des possibles », à partir du 6 juillet, une sélection de photos que vous avez prises lors d’une résidence à La Gacilly. Comment s’est déroulée cette résidence ?

 Aglaé Bory : Le festival photo La Gacilly m’a proposé des personnes volontaires qui venaient d’arriver dans la région, qui vivaient en ville avant et qui avaient eu envie de changer de vie. Il y avait des personnes avec une certaine réflexion par rapport à l’environnement, notamment des artistes. Et puis, je suis arrivée en résidence en plein confinement, donc avec un arrêt de beaucoup de relations sociales, des activités artistiques…

LCL : Que représente l’horizon dans cette exposition ?

 AB : J’ai travaillé avec l’horizon comme ligne géographique. Quand je fais des portraits devant des paysages, la ligne d’horizon est toujours relativement au centre de l’image, et elle vient articuler l’espace du ciel et l’espace de la terre. J’avais déjà exploré cette verticalité dans un travail précédent en 2012 : j’avais envie de l’explorer encore plus. J’aime bien articuler les images les unes par rapport aux autres, reconstituer un paysage fictif, un panorama de paysages qui ne sont pas du tout côtes à côtes dans la réalité. C’est un peu comme un poème, finalement, une recomposition à partir du réel. Je crée un horizon qui n’existe pas, mais qui en même temps est celui que j’ai envie de voir, ou de construire au fur et à mesure de mon travail. La ligne d’horizon est bien réelle puisqu’on la voit, mais elle n’a pas véritablement de réalité : elle n’existe pas sur une carte, par exemple, on ne peut pas la situer. Elle va varier selon l’endroit où on se trouve, le point de vue, la hauteur. Elle est mouvante.

Il y a aussi l’horizon symbolique. Là, c’est plutôt vis-à-vis du regard des gens. Il n’y a pas de regard caméra quand je photographie les personnes. Elles regardent le paysage, elles se connectent à elles-mêmes. J’essaie de photographier ça.

 

LCL : C’est la première fois que vous exposez et/ou travaillez en Bretagne ?

AB : Non, j’ai fait une exposition en 2019 à Landivisiau. L’espace Lucien-Prigent, qui est assez conséquent, propose des expositions très intéressantes. J’avais tout le lieu : j’ai pu montrer plusieurs séries différentes. C’était la première fois que j’avais autant d’espace pour présenter mon travail, des choses aussi différentes, et la possibilité de voir comment elles se répondaient. Il y avait des travaux qui avaient été faits dans des chronologies différentes : j’ai pu voir comment un premier travail venait influencer un autre quelques années plus tard.

 

LCL : En parcourant votre travail, on se rend vite compte que vous vous intéressez aux personnes, souvent celles qui sont peu visibles dans la société.

 AB : Oui, j’aime beaucoup photographier les gens. J’ai travaillé en effet ces dernières années avec des exilés, parce que pour moi, faire un portrait, c’est vraiment faire exister les gens d’une façon particulière. Je ne sais pas s’ils s’en rendent compte véritablement quand ils sont photographiés, mais quand on photographie, on voit qu’il se passe quelque chose dans le court instant de la prise de vue. La photographie a un rapport évident avec la mémoire, l’archive. Il y a quelque chose de sacré dans le fait de faire une image finalement, alors qu’en même temps, aujourd’hui, c’est devenu d’une grande banalité. Mais je crois que c’est à nous, photographes, de sortir de cette banalité, de redonner un sens au fait de faire des images. Je n’aime pas beaucoup l’artifice, la pose, l’anecdote, l’accessoire, etc. J’essaie d’aller photographier ce qu’il y a à l’intérieur et ce qui me lie à eux à ce moment-là. Concernant les exilés, en plus de ne pas se sentir bien accueillis, l’invisibilité est difficile, psychologiquement. Parce qu’on a besoin des autres pour exister, on a besoin d’une validation sociale. Quand je les photographie, j’essaie déjà de faire ça, c’est-à-dire de les regarder, de leur offrir ce temps. J’observe leur beauté, leur sensibilité, les émotions par lesquelles ils sont traversés.

 

LCL : Est-ce que vous diriez que certaines de vos séries sont engagées ?

 AB : Je ne sais pas ce que veut dire le terme « engagé ». Quand tu es photographe, à moins de photographier des machines à laver (et encore !), tu es en prise directe avec le réel. On emprunte au réel, on ne fabrique rien, on donne juste à voir un morceau et un instant. Je ne sais pas si on peut vraiment décrire mes photos comme engagées. C’est vrai que la photographie a quand même un lien avec le témoignage, avec l’histoire, avec l’époque. Ces dernières années, les migrations, c’est un fait de société qui est très conséquent, dont on a beaucoup parlé. Je pense que la photographie a cette capacité parfois, à nous faire voir quand on n’arrive plus vraiment à voir les choses autrement. Pouvoir tout d’un coup s’arrêter sur une image, sur un visage, et être pousser à changer sa façon de percevoir les choses.

 

LCL : Vous avez également fait une série en Colombie.  

AB : J’étais partie exposer en Colombie et j’en ai profité pour faire un travail photographique, mais  c’était sur un temps assez court. Souvent, pour faire les choses  bien, il faut y passer du temps. Mais j’ai essayé quand même d’aller tous les jours photographier des filles. Ça m’intéresse toujours les filles, parce que, que ce soit en Colombie ou en France c’est quand même assez particulier d’être une femme ! En Amérique du Sud, il y a beaucoup de recours à la chirurgie esthétique, très jeune déjà, pour se faire des corps parfaits, ou en tout cas qui correspondent aux injonctions des femmes sexy, séduisantes. En Colombie, ce sont les narcotrafiquants qui ont commencé à faire ça parce qu’ils ont beaucoup d’argent. Ils ont pu payer à leurs femmes des opérations. C’est devenu une esthétique très particulière : on appuie sur le genre féminin avec des seins refaits, des fesses, des nez, etc. Encore aujourd’hui, qu’elles soient refaites ou non, l’apparence.

 

LCL : C’est donc cet aspect que vous vouliez montrer ?

 AB : Oui, j’avais envie de photographier à la fois des filles qui avaient été refaites, et celles qui ne l’étaient pas. Les seins, c’est un classique, parce que même pour leurs 15 ans il y a des filles qui se font offrir par leurs parents des seins. À 15 ans ! Alors que le corps n’est pas encore transformé ! En les photographiant, je voulais voir comment elles me regardaient, essayer de comprendre s’il y avait une faille, si elles étaient complètement d’accord.

 

LCL : Ressentez-vous le poids d’être une femme dans votre métier de photographe ?

 AB : Je ne sais pas trop, parce que je ne peux pas comparer, il faudrait que je sois un homme pendant quelque temps pour vraiment ressentir une différence. Oui, par moment j’en ai senti une : on fait moins confiance à une femme, on doute plus facilement de ses compétences. Mais après, je dirais que je n’ai pas l’impression d’en avoir souffert particulièrement de façon explicite. À un moment, je trouvais que les choses n’avançaient pas assez vite, et je me suis dit qu’on ne pouvait pas complètement exclure le fait qu’être une femme pouvait être un empêchement. Après, ces derniers temps, je crois que tout le monde s’en est rendu compte, et que des efforts sont faits.

 En revanche, ce qui est sûr, c’est que c’est compliqué avec la vie de famille quand on est une femme, et je n’arrive pas à comprendre pourquoi quand on est un homme c’est moins compliqué. Je m’en suis aperçue dès que ma fille est née. J’étais relativement jeune, j’avais 26 ans, donc je commençais et je n’avais pas une carrière très solide. Il y avait cette ambivalence parce que j’étais un peu « coincée » avec ma fille : ne plus pouvoir partir en résidence, à l’étranger, tout ça, c’était compliqué. Je me suis donc dit que j’allais travailler là-dessus, j’ai eu envie d’explorer un peu le lien. J’ai fait un travail d’autoportrait avec elle, j’ai photographié des scènes très anodines, mais qui sont quand même des moments suspendus. Ce n’est pas du reportage ni du journal intime, j’ai composé mon travail un peu comme des tableaux. Je voulais photographier des choses dont à priori tout le monde se foutait. Qu’est-ce que c’est que de raconter une histoire à un enfant, aller au square, etc. C’était encore beaucoup les femmes qui s’en chargeaient et ce n’était pas un sujet. Ni un sujet de société, ni un sujet photographique. Ça m’a permis d’affirmer que j’étais photographe, mais aussi d’affirmer que j’étais mère. Quelque part, cette « contrainte » d’avoir un enfant, c’est ce qui m’a permis au contraire de faire plein de choses, et de m’épanouir.  

Interview : Perrine Bontemps, juin 2021

 
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