L’histoire de Lannion en 50 dessins : un don de Michel Deligne

Écrit par : L.Prodhomme

Licence : CC BY-SA

Publié le : 13/05/24

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« Août 1944. ILS partent ! », Michel Deligne, début des années 2000 – Tous droits réservés – Collection Musée de Bretagne, Rennes

Michel Deligne, né à Lannion en 1947, dessine sous le pseudonyme de Michel Heffe. Enseignant en Lettres à la retraite, il consacre l’essentiel de son temps au dessin, sa passion de toujours : dessins humoristiques, dessins politiques… Son trait est vif, linéaire, incisif, parfois grinçant, accompagné de touches de couleurs vives. Le dessin est souligné d’un bref commentaire toujours percutant.

Caricature d’Alain Madelin, Michel Deligne, 1987 – Copyright-Tous droits réservés – Collection Musée de Bretagne, Rennes

Compléments sur cette image. Dans les collections : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo161026

Il suit l’actualité au plus près du quotidien et fournit depuis une dizaine d’années des dessins au site Unidivers, croquant tour à tour les célébrités décédées comme Johny Hallyday, Sempé, Claire Bretécher, Jean Rochefort, et les événements politiques du moment. Pendant les deux périodes de confinement, il réalise et publie des dessins autour de notre quotidien bouleversé, en s’inspirant entre-autres de la vie de son propre quartier.

En 2020, une exposition virtuelle de ses dessins, intitulée Revisiting American icons est organisée par l’Institut franco-américain à Rennes. Au printemps 2022 ce même institut accueille une seconde exposition bien réelle cette fois, Back to the bay. Enfin, fin 2022, la mairie de Lannion a proposé une exposition intitulée Au petit théâtre de ma ville.

L’ensemble des 50 dessins donnés au Musée de Bretagne par Michel Deligne correspond au contenu de l’exposition lannionaise : la petite ville de Lannion est conçue comme une scène de théâtre, c’est d’ailleurs le titre que Michel Deligne donne à cet ensemble « Au petit théâtre de ma ville ».

Illustration encadrée de rideaux rouges comme une scène de théâtre. La scène représente une ville française en août 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale. Des camions allemands quittent précipitamment la ville sous les cloches de l’église qui sonnent. Des avions alliés volent dans le ciel au-dessus du clocher orné d’un drapeau français. Une personne cachée dans un soupirail lève le doigt à la bouche et dit « Chut ! ». En dessous, le texte dit : « Août 1944. ILS partent ! », marquant la Libération.
« Août 1944. ILS partent ! », Michel Deligne, début des années 2000 – Tous droits réservés – Collection Musée de Bretagne, Rennes Illustration encadrée de rideaux rouges comme une scène de théâtre. La scène représente une ville française en août 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale. Des camions allemands quittent précipitamment la ville sous les cloches de l’église qui sonnent. Des avions alliés volent dans le ciel au-dessus du clocher orné d’un drapeau français. Une personne cachée dans un soupirail lève le doigt à la bouche et dit « Chut ! ». En dessous, le texte dit : « Août 1944. ILS partent ! », marquant la Libération.

Il y retrace à partir de ses propres souvenirs et de ceux de ses parents, l’histoire de Lannion entre 1944 et 1994. Il exprime le désir de figurer sa propre jeunesse de baby boomer dans une petite ville bretonne, sous la forme d’un témoignage « visuel et amusant », selon ses mots.

Le récit commence avec l’évocation de la dernière année de la Seconde Guerre mondiale et se poursuit avec la Libération. Puis sont figurées les années de jeunesse de Michel Deligne, jusqu’aux années 1990.

Un fil rouge continu mêle grande histoire et histoire locale, ses dessins fourmillent de détails réalistes et amusants, le tout dans une ambiance dynamique, joyeuse et pleine de vie.

Pour figurer le baby-boom, et notamment l’année de sa naissance, Michel Deligne représente le centre de Lannion envahi de landaus et de bébés pleureurs, humour et tendresse se mêlent pour évoquer le renouveau, la vie qui reprend après la guerre.

Scène animée dans une ville française des années 1940, en pleine période du baby-boom. De nombreuses femmes poussent des landaus noirs avec des bébés qui pleurent ("Ouin ! Ouin !"). Un homme à vélo passe devant une bijouterie. Une église au centre affiche un drapeau français. Deux femmes discutent : « À ce qui baptise à tour de bras, Madame Grojean ! » et « Les fonts baptismaux vont bientôt être à sec ! ». À une fenêtre, une fillette annonce : « Maman, c’est un garçon ! ». En bas, un texte narre : « Je nais en 1947 comme des centaines d'autres dans ma petite ville. C'est le baby-boom. On s'appelle Michel pour les garçons et Françoise ou Catherine pour les filles. Les papas travaillent et les mamans pouponnent à la maison… La vie redémarre ! »
« Je nais en 1947 », Michel Deligne, début des années 2000 – Tous droits réservés – Collection Musée de Bretagne, Rennes Scène animée dans une ville française des années 1940, en pleine période du baby-boom. De nombreuses femmes poussent des landaus noirs avec des bébés qui pleurent ("Ouin ! Ouin !"). Un homme à vélo passe devant une bijouterie. Une église au centre affiche un drapeau français. Deux femmes discutent : « À ce qui baptise à tour de bras, Madame Grojean ! » et « Les fonts baptismaux vont bientôt être à sec ! ». À une fenêtre, une fillette annonce : « Maman, c’est un garçon ! ». En bas, un texte narre : « Je nais en 1947 comme des centaines d'autres dans ma petite ville. C'est le baby-boom. On s'appelle Michel pour les garçons et Françoise ou Catherine pour les filles. Les papas travaillent et les mamans pouponnent à la maison… La vie redémarre ! »

Tous les évènements, qu’ils soient nationaux comme la venue du général de Gaulle en 1962, ou locaux comme la Fête-Dieu ou la Toussaint, regorgent d’informations visuelles mais certains personnages, a priori secondaires, apportent aussi un second niveau de lecture. Petites grand-mères ou commères à leur fenêtre sont à la fois partie prenante de la scène, mais aussi légèrement en décalage, quand elles commentent la situation ou laissent surgir des pensées totalement éloignées de l’évènement figuré.

Défilé scolaire dans une ville française en juin 1956, à l’occasion de la fête des écoles. Une longue file de garçons en tenue de sport bleue et blanche défile fièrement dans la rue, en rangs, encadrée par des enseignants. Une banderole annonce « École communale de garçons » et le slogan « Vincit qui se vincit ». Les parents et habitants applaudissent ou commentent depuis le trottoir ou les fenêtres. Une femme dit : « Vous avez vu, Madame Grojean, le petit Magloire… Quel majestueux ! », une autre ajoute : « Le père, il a rien mangé de la p’tite boîte à la rentrée… ». Une petite fille reconnaît son frère : « Maman, c’est Félix ! ». Le texte en bas précise : « Juin 1956. Le jour de gloire des Écoles de la République, c’est la fête de la jeunesse… On bombe le torse devant la famille et les cousines. »
« Juin 1956 », Michel Deligne, début des années 2000 – Tous droits réservés – Collection Musée de Bretagne, Rennes Défilé scolaire dans une ville française en juin 1956, à l’occasion de la fête des écoles. Une longue file de garçons en tenue de sport bleue et blanche défile fièrement dans la rue, en rangs, encadrée par des enseignants. Une banderole annonce « École communale de garçons » et le slogan « Vincit qui se vincit ». Les parents et habitants applaudissent ou commentent depuis le trottoir ou les fenêtres. Une femme dit : « Vous avez vu, Madame Grojean, le petit Magloire… Quel majestueux ! », une autre ajoute : « Le père, il a rien mangé de la p’tite boîte à la rentrée… ». Une petite fille reconnaît son frère : « Maman, c’est Félix ! ». Le texte en bas précise : « Juin 1956. Le jour de gloire des Écoles de la République, c’est la fête de la jeunesse… On bombe le torse devant la famille et les cousines. »

Cette association entre petits évènements du quotidien, personnages de la vie locale et moments festifs publics donne aux dessins une grande vigueur, la vie regorge de toute part avec sa banalité, son ordinaire, croquée avec humour et subtilité.

La localisation de ce récit illustré à Lannion permet d’approcher de nombreuses thématiques à une échelle plus restreinte, tout en montrant l’inclusion d’une petite ville dans un monde en mouvement.

Découvrez les 50 dessins « Au petit théâtre de ma ville » sur le portail des collections du Musée de Bretagne.

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Cet article a été préalablement publié sur blog Musée dévoilé - les coulisses du Musée de Bretagne. Son ancienne adresse est https://musee-devoile.blog/2024/08/23/metiers-de-femme-les-femmes-et-la-mer-des-professionnelles-invisibilisees/

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