Quand la diversité des langues parlées à la Bibliothèque créée la rencontre

Écrit par : Louise Halper. Propos recueillis par Carine Lim. Avec le concours d’Hélène Certain

Licence : DR

Publié le : 28/05/25

La Bibliothèque des Champs Libres est habitée à l'année par des publics de tous types et de tous horizons, en particulier à l'étage des ados. Qui dit grande diversité des publics dit aussi grande diversité des langues parlées. Il était important pour les bibliothécaires qu'on puisse voir et entendre cette richesse quelque part dans la Bibliothèque.

Louise, stagiaire, a travaillé sur ce projet. Elle nous raconte ici comment la mise en avant des différentes langues parlées par les publics a permis de créer des échanges et des rencontres entre les usagers de la Bibliothèque.

L’objectif de ce projet était de mettre en avant les différentes langues parlées par les usagers de la Bibliothèque et de favoriser les rencontres et les échanges autour des langues. Comment t’y es-tu prise ?

La captation sonore est un outil simple et puissant : il crée du lien, initie des échanges entre les usagers et permet de garder une trace de cette diversité linguistique dans les murs de la Bibliothèque. J’ai invité les usagers à s’exprimer individuellement, en les enregistrant. On peut entendre les usagers dire bonjour et bonne année dans différentes langues. Des interviews de participants aux ateliers de conversation en français ont été réalisées. Elles ont permis d'écouter les participants raconter leurs rapports à leur langue maternelle et au français. J'ai mis à disposition des bornes d'écoute. Un reel Instagram a aussi été publié. Le format audio permet à chacun de participer à son rythme et de décider d'aller, ou non, à la rencontre des autres.

Tu as notamment travaillé avec des publics adolescents, à la Mezzanine ados (1er étage de la Bibliothèque). Les ados ont-ils adhéré à ce projet ?

Les ados ont plutôt bien adhéré au projet, surtout lorsqu’il s’agissait de remplir les petites fiches indiquant les langues qu’ils parlent, puis de les accrocher sur la carte du monde installée à la Mezzanine ados.

Au début, ils étaient un peu timides, parfois réticents à l’idée d’être enregistrés et on les comprend, ce n’est pas évident de parler devant un micro, surtout quand les copains écoutent. Mais très vite, quand ils ont pu tester le micro, écouter les enregistrements des autres et se sentir rassurés, ils se sont mis à y prendre goût. C’est même devenu une petite activité à faire entre amis : montrer sa fiche, faire écouter sa voix, comparer les prononciations… Ils se sont emparés du projet, à leur manière et avec spontanéité.

Les rencontres et les échanges autour des langues parlées ont-ils bien fonctionné ?

Je dirais que oui. Par exemple, autour de la carte des langues, j’ai pu observer des échanges spontanés : des gens qui comparent, posent des questions, s’étonnent des langues représentées… Et je pense surtout à une usagère qui, après avoir écouté les interviews des participants de l’atelier de conversation en français, m’a dit : « Je ne les connaissais pas vraiment, mais j’ai découvert une variété de profils que je n’imaginais pas. » Elle parlait de leurs réponses aux questions et de leurs parcours presque comme si elle venait de partager un café avec eux. Il y avait une forme de lien, même à distance.

Dans ces échanges que tu as eus avec les publics, y a-t-il des paroles, des moments qui t’ont particulièrement marquée ?

Il y en a eu plusieurs, je me rappelle notamment de ce père qui a encouragé ses fils à faire l’enregistrement en leur soufflant les mots quand il les voyait hésiter. Il était tellement fier d’eux qu’il les a filmés en me disant « Je vais envoyer ça à ma famille ».

Je me souviens aussi de ce groupe de collégiennes qui connaissait plein de langues. Quand je leur ai demandé comment elles les avaient apprises : « On a chacune appris quelques mots de la langue des copines ».

Que retires-tu de cette expérience ?

Ce que je retiens, c’est que les gens sont porteurs d’une multitude d’histoires, de langues, de savoirs… Et qu’ils prennent plaisir à les partager, dès qu’on leur en donne l’occasion. Le plus souvent, ils n’attendent qu’un espace pour le faire.

Cette expérience m’a aussi confortée dans l’idée que l’oralité et l’enregistrement sonore ont toute leur place en bibliothèque : ce sont des outils simples mais puissants pour créer du lien, faire entendre des voix qu’on n’écoute pas toujours et valoriser des savoirs du quotidien. Et puis, au-delà de tout ça, elle m’a offert de très belles rencontres… Et un nouveau petit super-pouvoir : maintenant, je sais dire bonjour dans plein de langues !

Une cinquantaine de langues parlées

Lors d'entretiens avec le public, Louise a noté une cinquantaine de langues parlées ! Un chiffre auquel les bibliothécaires ne s'attendaient pas. On retrouve entre autres l'anglais, l'espagnol, les langues arabes, mais aussi des langues moins connues du grand public comme le mongol, le khmer, l'acholi, l'arménien ou le fang.

En écoute

logo de la plateforme SoundCloud

Écouter le podcast

Vous pouvez écouter ce podcast sur SoundCloud ou bien directement sur cette page en acceptant les cookies du lecteur.

Pour information : la lecture de podcast consomme de l'énergie et génère une empreinte carbone importante. Pensez à l’environnement en limitant votre consommation numérique.

À propos de Louise

Je m’appelle Louise, j’ai 26 ans et je termine une licence professionnelle Métiers du livre : bibliothèques et documentation à l’Université Rennes 2. J’ai eu l’opportunité de faire un stage de plusieurs mois à la Bibliothèque des Champs Libres. Pendant cette période, en plus de découvrir les coulisses du métier, j’ai mené ce projet autour des langues. Mon expérience d’ancienne journaliste radio m’a permis d’aborder ce projet sous l’angle de l’enregistrement sonore, un moyen efficace pour donner voix à cette diversité linguistique.

Naviguer par sujets

Flux RSS

Abonnez-vous au flux RSS de la rubrique "À lire" pour être avertis des derniers articles.

Parcourir tous les flux RSS