Saviez-vous que des dizaines de langues différentes sont parlées aux Champs Libres ? Un véritable trésor que la bibliothèque souhaitait mettre en avant. C'est ainsi que Louise Halper, stagiaire, est allée à la rencontre des publics et des différentes langues parlées à la Bibliothèque. Retour sur une expérience riche en rencontres et découvertes.
Comment avez-vous fait pour mettre en avant les différents langues parlées par les usagers de la Bibliothèque ?
J’ai invité les usagers à s’exprimer individuellement, en les enregistrant dire "bonjour" et "bonne année !" dans différentes langues. Des interviews de participants aux ateliers de conversation en français ont été réalisées. Elles ont permis d'écouter les participants raconter leurs rapports à leur langue maternelle et au français. J'ai mis à disposition des bornes d'écoute. Un reel Instagram a aussi été publié. La captation sonore est un outil simple et puissant pour garder une trace de cette diversité linguistique dans les murs de la Bibliothèque. Elle permet aussi de créer du lien et d'initie des échanges entre les usagers.
Vous avez notamment travaillé avec des publics adolescents, à la Mezzanine ados (1er étage de la Bibliothèque). Les ados ont-ils adhéré à ce projet ?
Les ados ont plutôt bien adhéré au projet, surtout lorsqu’il s’agissait de remplir les petites fiches indiquant les langues qu’ils parlent, puis de les accrocher sur la carte du monde installée à la Mezzanine ados.
Au début, ils étaient un peu timides, parfois réticents à l’idée d’être enregistrés - et on les comprend, ce n’est pas évident de parler devant un micro, surtout quand les copains écoutent ! Mais très vite, quand ils ont pu tester le micro, écouter les enregistrements des autres ils se sont mis à y prendre goût. C’est même devenu une petite activité à faire entre amis : montrer sa fiche, faire écouter sa voix, comparer les prononciations… Ils se sont emparés du projet, à leur manière et avec spontanéité.


Les rencontres et les échanges autour des langues parlées ont-ils bien fonctionné ?
Je dirais que oui. Par exemple, autour de la carte des langues, j’ai pu observer des échanges spontanés : des gens qui comparent, posent des questions, s’étonnent des langues représentées… Et je pense surtout à une usagère qui, après avoir écouté les interviews des participants de l’atelier de conversation en français, m’a dit : « Je ne les connaissais pas vraiment, mais j’ai découvert une variété de profils que je n’imaginais pas. » Elle parlait de leurs réponses aux questions et de leurs parcours presque comme si elle venait de partager un café avec eux. Il y avait une forme de lien, même à distance.
Dans ces échanges avec les publics, y a-t-il des paroles, des moments qui vous ont particulièrement marquée ?
Il y en a eu plusieurs. Je me rappelle notamment de ce père qui a encouragé ses fils à faire l’enregistrement en leur soufflant les mots quand il les voyait hésiter. Il était tellement fier d’eux qu’il les a filmés en me disant : « Je vais envoyer ça à ma famille ».
Je me souviens aussi de ce groupe de collégiennes qui connaissait plein de langues. Quand je leur ai demandé comment elles les avaient apprises : « On a chacune appris quelques mots de la langue des copines ».
Que retirez-vous de cette expérience ?
Ce que je retiens, c’est que les gens sont porteurs d’une multitude d’histoires, de langues, de savoirs… Et qu’ils prennent plaisir à les partager, dès qu’on leur en donne l’occasion. Le plus souvent, ils n’attendent qu’un espace pour le faire.
Cette expérience m’a aussi confortée dans l’idée que l’oralité et l’enregistrement sonore ont toute leur place en bibliothèque : ce sont des outils simples mais puissants pour créer du lien, faire entendre des voix qu’on n’écoute pas toujours et valoriser des savoirs du quotidien. Et puis, au-delà de tout ça, elle m’a offert de très belles rencontres… Et un nouveau petit super-pouvoir : maintenant, je sais dire bonjour dans plein de langues !
Une cinquantaine de langues parlées
Lors d'entretiens avec le public, Louise a noté une cinquantaine de langues parlées ! Un chiffre auquel les bibliothécaires ne s'attendaient pas. On retrouve l'anglais, l'espagnol, les langues arabes, mais aussi des langues moins connues du grand public comme le mongol, le khmer, l'acholi, l'arménien ou le fang.
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À propos de Louise
Je m’appelle Louise, j’ai 26 ans et je termine une licence professionnelle Métiers du livre : bibliothèques et documentation à l’Université Rennes 2. J’ai eu l’opportunité de faire un stage de plusieurs mois à la Bibliothèque des Champs Libres. Pendant cette période, en plus de découvrir les coulisses du métier, j’ai mené ce projet autour des langues. Mon expérience d’ancienne journaliste radio m’a permis d’aborder ce projet sous l’angle de l’enregistrement sonore, un moyen efficace pour donner voix à cette diversité linguistique.