Ouvert au public en mars 2006, Les Champs Libres sont un équipement culturel rennais, constitué du Musée de Bretagne, d’une bibliothèque, d’un centre de culture scientifique et technique, d’espaces d’exposition et de rencontres. Il a été construit selon les plans de l’architecte Christian de Portzamparc au sud de la Vilaine, entre l’esplanade Charles de Gaulle et la gare ferroviaire de Rennes. Découvrez en images le passé du site où il a été bâti.

Le moulin de la butte Beaumont
Avant la Révolution, l’emplacement de l’actuelle esplanade Charles de Gaulle est en partie occupée par la prairie de Beaumont. Au sud de ces terres s’étend un contrefort schisteux : le côté oriental de cette élévation correspond à l’endroit où le bâtiment des Champs-Libres a été construit. Au 15e siècle, un moulin à vent est implanté au centre de cette butte inculte. Il dépend alors de la maison noble de la Vayrie. Il est représenté dans la Veüe et Perspective de la ville de Rennes du costé de Beaumont par François Forestier de Villeneuve (1698-1765), estampe datée de 1720, inspirée de son dessin placé en bas du plan de la ville et de ses faubourgs – tracé en 1718 – où le moulin est clairement représenté en ruine.

Compléments sur cette image. Dans les collections : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo122161
La Terrasse du Champ de Montmorin
À la fin du 18e siècle, alors que la prairie de Beaumont est terrassée et transformée en champ de foire et de manœuvre – baptisé Champs de Mars en 1802 -, la butte subit de grandes modifications. Dans les années 1780, elle est égalisée pour être transformée en promenade. En 1785, elle est nommée Terrasse du Champ de Montmorin, du nom du lieutenant Armand-Marc de Montmorin Saint-Hérem (1746-1792), gouverneur de Bretagne. En 1787, elle est plantée de 201 ormeaux. Des lignes de plantations apparaissent déjà sur le plan de la ville de Rennes de 1782.

Compléments sur cette image. Dans les collections : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182966
La promenade Haute
En 1819, la terrasse, également désignée sous les termes de levée, d’esplanade ou de promenade Haute, est prolongée vers l’Ouest. Dans les années 1850, la décision d’implanter la gare ferroviaire sur les terrains dit de Lorette entraîne l’aménagement du Champ de Mars et de ses alentours. Il est agrandi et encadré d’un réseau d’avenues et de boulevards plantés. En 1860, la promenade Haute est considérablement diminuée à l’Est pour ouvrir le boulevard Magenta. C’est en 1854 que la municipalité décide de l’écrêter pour permettre d’y construire des habitations d’où la création de la rue de l’Esplanade, devenue rue Gurvand en 1890. La partie nord de la butte ne présente dès lors plus que trois à quatre rangées de hêtres.

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Le casino du Clos des Percherons et l’auberge rustique
En 1887, à l’occasion de l’exposition Industrielle et des Beaux-Arts sur le Champ-de-Mars, un Casino et concert en plein vent dit le Clos des Percherons, ainsi que le restaurant le Gargantua, sont établis au cœur de la promenade Haute. L’activité est autorisée pour trois ans au grand désarroi du voisinage incommodé par les chants et les feux d’artifices à des heures avancées de la nuit.


Compléments sur ces images. Le Gargantua et le Clos des Percherons photographiés en 1887 par Désiré Fenaut (1832-1909) – Marque du Domaine Public – Collection Musée de Bretagne, Rennes
Cela n’empêche pas dans le cadre du Concours Régional Agricole de 1897, l’installation d’une nouvelle auberge rustique et d’un Palais des Glaces « éden vraiment enchanteur ».

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Un lieu de contemplation et de fête
Comme les artistes des 18e et 19e siècles, les photographes du début du 20e siècle ont profité de l’élévation pour prendre des vues, dont certaines ont été utilisées par des éditeurs de cartes-postales. La promenade est en effet un point privilégié pour profiter non seulement d’un incroyable panorama sur la ville historique, mais sur tous les événements et toutes les manifestations que le Champ de Mars accueille. De nos jours, les visiteurs des Champs-Libres jouissent toujours du panorama sur Rennes des fenêtres du dernier étage de la bibliothèque.

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Au début du 20e siècle, la butte est décrite comme une des promenades favorites des Rennais. En 1906, c’est entre ses arbres que sont installées les établissements de la Fête Bretonne où « les gens se pressaient et la circulation était pénible » !

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En 1911, pendant les fêtes du Concours national agricole, les lieux réunissent les attractions d’une Kermesse : bars, concerts, cirques, manèges, loteries, sans oublier un théâtre de Guignol.
Foyer militaire et théâtre de Guignol
Au début de la Première Guerre, des baraques Adrian, faites de planches sur un plancher surélevé et recouvertes de tôles, sont installées sur la butte pour recevoir les réfugiés. En 1919, elles servent de logement aux militaires qui viennent se faire démobiliser à Rennes.

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C’est dans l’un de ces baraquements qu’en 1921 la Société de Secours aux blessés militaires ouvre un Cercle à l’usage des soldats de la garnison de Rennes et des permissionnaires. La baraque sert également de salle de spectacle. En 1924, y naît le petit Théâtre rennais de la Butte du Champ de Mars qui organise des spectacles de Guignol pour les enfants, mais « rien du répertoire connu, peu de bastonnades, peu de calembours, point de scènes grotesques. Tout y est délicat, mesuré ». L’entrée du théâtre se faisait à l’extrémité opposée à celle des militaires.
Théâtres amateurs de plein air, banquets… tanks et pétanque !
Dans les années 1920, à chaque Fête du pont de Châtillon (ou Fête du quartier de la Gare), les ombrages de la promenade abritent un bal populaire et un théâtre de plein air, appelé Théâtre de la Nature. L’événement accueille des comédiens amateurs, comme ceux du Tréteau Rennais qui attirent une grande affluence d’auditeurs. Pour l’anecdote : dans les années 1930, une équipe radiophonique composée d’artistes amateurs prend le nom des Chansonniers de la Butte du Champ de Mars. Zimmer (Julien Tanguy), Jean-Marc (Henri Vacher), Pol Gab (Gabriel Parlan), Cyril Gibard (Cyril Gangourdou), Merville (Jacques Ory), Monastique (Georges Lemoyne) et le pianiste Robert Chevalier interviennent régulièrement à Radio-Rennes P.T.T., dans des spectacles de bienfaisance et de Rennes Comœdia, cercle dramatique des artistes amateurs rennais.
Lors des foires-expositions – dont le bureau est d’ailleurs installé à l’adresse de la butte du Champ de Mars -, des banquets pour tous les exposants ont lieu entre les arbres considérés comme « les plus beaux, les plus verts, les plus rigoureux qu’on puisse voir à Rennes ». En 1924, le restaurant, l’estaminet et les cuisines de la Foire-Expo sont installés dans un grand pavillon de 36 mètres : si la salle du restaurant, transformée les après-midis en buvette, pouvait contenir 300 couverts, l’estaminet, qui servait également de salon de thé, avait 150 places.
Plus original, en 1928, lors du concours hippique du week-end de la Pentecôte, des chevaux font une course d’obstacles sur la butte qui est également grimpée par les tanks du 505e Régiment de Chars de Combat !

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Très appréciée comme lieu de détente, la promenade accueille régulièrement dès 1929 les parties de pétanque de l’Amicale des Lyonnais de Bretagne qui milite pour faire connaître ce sport et l’installation à Rennes d’un jeu pour boules ferrées. Elle obtient un emplacement sur la butte en juillet 1930. Dans les années 1940, l’Union des Boulistes Rennais organise régulièrement des concours et invite ses sociétaires à venir jouer à 14 heures dès qu’il fait beau.
Encore des baraquements
Quelques années après la Seconde Guerre mondiale, des baraquements de bois recouverts de tôles, installés pendant le conflit le long des habitations de la rue Gurvand, sont utilisés pour le tri postal. Dans les années 1950, la butte est excavée d’Est en Ouest pour la construction de la gare routière, des Douanes, d’une maison multiservices et de la Maison des Métiers. Lors des travaux de la gare routière, une bombe est découverte sur le chantier : triste rappel du terrible bombardement du 8 mars 1943 qui avait touchés différents points de la ville parfois assez éloignés des installations ferroviaires visées par les bombardiers.

En 1976, le plateau où était situé le centre de tri postal est aménagé en espaces verts. Sur sa partie supérieure, en bordure de la voie de desserte parallèle au Cours des Alliés, des pelouses sont plantées d’arbres et de conifères. Sur le versant du côté du Champ de Mars désormais nommée esplanade Charles de Gaulle, des arbustes et des plantes tapissantes à système radiculaire sont installées afin de retenir la terre existante sur le talus à forte pente.
La gare routière
La gare routière, inaugurée le 30 mai 1955, est démolie en 1995 pour laisser place au Nouvel Équipement Culturel (NEC). Cette gare, construite suivant les plans des architectes rennais Yves Perrin et Georges Martin, est alors un exemple typique de préfabrication modulaire sortant de La Rennaise de Préfabrication dont les ateliers, sur la route de Redon à Saint-Jacques-de-la-Lande, ont disparu.

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Dans les fondations du NEC
La première pierre du NEC est posée en l’an 2000. Les travaux de fondations ont nécessité beaucoup de précautions et pas seulement parce que le terrain de remblais était infiltré par les eaux et traversé par le tunnel du métro 5 mètres en dessous ! En effet, en janvier 2001, ni les relevés d’impacts de bombes, ni la surveillance magnétique n’ont empêché la découverte d’un engin non explosé, comme lors des travaux de la gare routière dans les années 1950. Les pelleteuses ont été obligées de creuser par couches successives d’un mètre seulement !

C’est également en 2000, qu’un large sondage est effectué à travers la presse et les habitants de Rennes Métropole afin de donner un nom au NEC, car l’appellation est déjà déposée à l’Institut national de la propriété industrielle. Personnalités du monde culturel et professionnels de la communication élaborent une banque de noms en 2001. En 2002, une présélection est effectuée par les conseillers municipaux. Les trois noms Les Champs libres, Le Vaisseau et Va savoir sont finalement soumis à 500 personnes qui choisissent la dénomination Les Champs libres pour évoquer une source de vie, des espaces nourriciers libres, accessibles, sans frontières, propriété de toutes et de tous.

Compléments sur cette image. Dans les collections : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo493586
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Cet article a été préalablement publié sur blog Musée dévoilé - les coulisses du Musée de Bretagne. Son ancienne adresse est https://musee-devoile.blog/2024/08/23/metiers-de-femme-les-femmes-et-la-mer-des-professionnelles-invisibilisees/