Durant les Dialogues Européens, s'ouvre un espace de débats et de témoignage sur l'Europe face à la guerre. Mais à Rennes, comme à travers toute l'Europe, c'est au quotidien que s'écrit l'histoire du continent, notamment par les jeunes.
En partenariat avec l'IEJ Mediaschool de Rennes, des portraits inédits de jeunes étrangers étudiants en France dessinent une autre face du dialogue européen, entre rêves, espoirs et lucidité.
Yulia, jeune Ukrainienne de 21 ans, a déjà traversé plus d’épreuves que bien des étudiants de son âge. Déterminée à maintenir un haut niveau académique malgré les épreuves, elle voit dans son semestre Erasmus à Rennes, une étape essentielle pour revenir chez elle, enrichie de nouveaux savoirs et compétences.
Yulia s’est inscrite au programme Erasmus pour perfectionner sa connaissance et sa maîtrise du français dans un environnement totalement immersif ainsi que pour découvrir une nouvelle culture d’un pays qu’elle ne connaît pas bien. Elle étudie maintenant à Rennes 2 pour un semestre, en master d’interprétation orale simultanée générale avec l’anglais et le français comme langues principales. Aujourd’hui, Yulia profite de sa vie d’étudiante. Mais les débuts ont été un peu plus compliqués, lors de sa première nuit par exemple. « La première nuit, j'ai dû dormir sans oreiller. C'était… ça allait, mais je pense que ce serait bien d'en fournir un aux personnes qui viennent des régions très éloignées pour étudier. » nous confie-t-elle. Heureusement, tout est maintenant réglé.
"Les gens sortent la nuit !".
Son intégration dans la vie rennaise s’est faite de manière simple et rapide malgré une peur sur les barrières linguistiques. « Au début j’avais peur de ne pas trouver d’amis, mais, j’ai réussi à me socialiser avec des Français et d’autres nationalités », nous avoue-t-elle. La possibilité d’être partante un semestre en Erasmus est bénéfique pour sa vie sociale qu’elle peut développer d’avantages en France qu’en Ukraine. Plongée en guerre depuis des années, les sorties nocturnes sont donc plus limitées. Un plaisir qu’elle a pu retrouver à Rennes. « Les gens sortent la nuit ! En Ukraine il y a un couvre-feu ! On se sent en sécurité, on ne s’inquiète pas pour sa vie. » À la suite de ce semestre Erasmus, Yulia veut retourner en Ukraine afin de pouvoir rebâtir le pays et penser au futur de l’Ukraine avec les autres jeunes de son âge.
"Il était devenu compliqué de pouvoir étudier stablement".
Résidant dans des terres plus reculées et loin des champs de bataille, sa venue en France n’a pas été directement motivée par la guerre. Mais avant de partir, Julia a vécu trois ans dans une Ukraine meurtrie par l’invasion à grande échelle. Elle se souvient des coupures d’électricité qui pouvaient durer la moitié de la journée, des cours interrompus par les alarmes, des nuits passées dans les abris, et du froid des amphithéâtres privés de chauffage. « Beaucoup d’universités sont passées en ligne, mais même pour étudier, il fallait trouver comment recharger son ordinateur. Il était devenu compliqué de pouvoir étudier stablement », raconte-t-elle.
Pendant que son père sert au front dans l’armée, sa mère elle est restée au pays, et son frère a trouvé refuge à l’étranger. Cette séparation, elle la porte avec pudeur : « Chacun essaie de survivre à sa manière. » Pour Yulia, ce départ à l’étranger, ce n’est pas une fuite, c’est une manière de lutter. Découvrir une nouvelle culture, acquérir des connaissances, développer ses compétences linguistiques et s’intégrer au sein d’une communauté étudiante Européenne grâce à Erasmus. Malgré seulement 2 mois passé sur le territoire français, elle se considère beaucoup plus proche de la communauté européenne grâce à tous les liens qu’elle a pu tisser avec tous les étudiant Erasmus ou français.