RALENTIR - Épisode 1
Une série documentaire transmédia
Une co-production KuB, Kaizen et Les Champs Libres, le 14/09/2022
En 2018, un français sur deux déclarait qu'il aimerait, par rapport à sa situation actuelle, ralentir son rythme de vie (53%). Nous constatons tous l’accélération du monde : la course constante dans laquelle vivent les peuples occidentaux, les flux d’information, l’exigence de réactivité, l’hystérie médiatique…
Au croisé de l'intime et du collectif, la réflexion sur le rythme de nos vies apparait comme une problématique essentielle mais reste peu présente dans le débat public. De plus en plus de personnes font cependant le choix d'organiser leur vie et leur travail en résistance à ce tempo devenu trop rapide et trop difficile à vivre. Ces modèles alternatifs questionnent notre rapport au temps, à notre santé, mais aussi à l'écologie.
Les Champs Libres, avec le magazine Kaizen et le webmédia KuB ont souhaité donner à voir et à réfléchir sur ces différentes expériences. Cette enquête prend la forme d'une série documentaire, riche de plusieurs médias – podcasts, textes, vidéos – en plusieurs volets. Ce projet s'inscrit dans le cadre d'un appel à créativité croisée, lancé par Rennes Métropole.

ÉPISODE 1 : Gagner la vie sans la perdre
Ce premier volet s'intéresse au rapport au travail : peut-on échapper à la pression du temps au travail ? Faut-il moins travailler pour être épanoui ? Quel regard porte le photographe sur le temps ?
🎧 Emploi et emploi du temps : le champ des possibles
Avec Dominique Méda, sociologue spécialiste du travail, l’équipe Orignal communication, David Bernard, dirigeant d’AssessFirst. Réalisation : Alicia Blancher (Kaizen magazine)
Nous ne sommes pas que des travailleurs. Nous devons aussi avoir du temps pour être de bons citoyens, de bons parents, de bons amis.
— Dominique Méda,
sociologue spécialiste du travail
📼 Du temps pour soi
📷 Le temps des plantes et des bois
Yves et Judith ne travaillent pas seuls. Chez eux, le temps fait aussi son œuvre.
Dans la maison, dans le jardin, l’attention portée à chaque plante, à chaque objet, permet à l’harmonie d’émerger.
Crédits photos : ©Lise Gaudaire








🖋 Un, deux , trois, clac.
Le temps.
Inhérent à la photographie.
Le temps suspendu.
Le temps figé.
L’instant décisif.
L’image latente, entre son temps passé, celui de la prise de vue et puis son temps futur, celui où elle deviendra objet.
Des laps de temps.
Des temps courts j’ai l’impression.
Alors moi sans cesse je cherche à le ralentir.
À prendre mon temps.
À prendre le temps.
Celui nécessaire.
Et par une multitude d’entrées.
Il traverse toutes mes recherches photographiques.
Il y a le temps dilaté.
Celui du paysage, celui de la forêt, des arbres, des végétaux, de la rivière.
Celui de la lumière.
Celui des vents.
Un temps long, celui-ci.
Il faut ressentir physiquement le paysage et se glisser dans les strates temporelles qui le composent. Pour le sentir. Pour le vivre. Peut-être pour le comprendre.
La forêt, on n’y rentre pas comme ça.
Alors je marche, sans l’appareil.
J’observe, je contemple, j’appréhende, j’explore et je tente de le connaitre.
Je ne capture pas.
Jamais.
Plus tard ce sera le temps de la photographie mais pas tout de suite.
Il y a aussi le temps de la rencontre.
L’Autre.
Se découvrir. Se parler. S’apprendre. On pourrait dire le temps de la parole.
Pour se savoir un peu.
Pour se raconter.
Pour s’enseigner.
Pour ne pas me tromper. Est-ce bien lui sur la photo ? Ou bien peut-être que c’est moi ? Un peu des deux, j’imagine.
Pour sûr, c’est notre rencontre.
C’est ce que j’aimerais.
Et vient le temps de la prise de vue.
C’est physique.
Le matériel est lourd.
J’aime penser que c’est une danse.
Déplier le trépied, monter la chambre, tourner autour, installer l’objectif, regarder dans le dépoli, régler les bascules, faire le point, mesurer la lumière.
Installe-toi ici. Tu es bien ? Est-ce que tu peux regarder vers l’arbre là-bas, au fond ? Le menton un peu levé ? Ne bouge plus. C’est un peu long, pardon. C’est précis. Je ferai quatre photos. Ne bouge pas.
Un quart de seconde.
J’enclenche.
Le temps se dilate aussi à cet instant.
Mon corps à côté de l’appareil.
Un, deux, trois.
Clac.
On recommence. Ne bouge pas.
Enfin il y a le temps du récit.
Celui que j’imagine avant même de photographier.
Celui qui dure tout au long du processus de création.
Celui qui m’accompagne quand je marche, quand je parle, quand je regarde, quand je photographie, quand je développe, quand je scanne, quand j’imprime.
Les images bout à bout.
Elles racontent quoi ? Elles racontent quoi de nous ? De notre société ? De ce qui nous entoure ?
D’aujourd’hui ? D’hier ? De demain ? Elles racontent quoi du temps ?
Lise Gaudaire vit et travaille à Rennes.
Diplômée de l’École Supérieure d’Art de Lorient en 2007, elle a d’abord travaillé des séries de portraits consacrées à son père paysan, à l’enfance en famille d’accueil et au passage de l’adolescence à l’âge adulte, avant de s’intéresser davantage aux rapports que l’homme entretient au paysage, à son territoire, à la manière qu’il a de le regarder et de l’appréhender et en particulier ceux qui le travaillent.
Du 8 octobre 2022 au 8 janvier 2023, les Champs Libres présentent sa série Les Oasis, je marche dans le lit des rivières.
Crédits texte : ©Lise Gaudaire
⌚ À suivre
ÉPISODE 4
L'exotisme à petit pas
Pour aller + loin
En 2017, à l'occasion de l'arrivée de la LGV à Rennes, les Champs Libres organisaient un cycle "Envie de Ralentir". À cette occasion, nous avions reçu Carl Honoré, journaliste, écrivain et pionnier de la slow attitude pour une rencontre, à retrouver ici.