RALENTIR - Épisode 4
Une série documentaire transmédia
Une co-production KuB, Kaizen et Les Champs Libres, le 9/05/2023
En 2018, un français sur deux déclarait qu'il aimerait, par rapport à sa situation actuelle, ralentir son rythme de vie (53%). Nous constatons tous l’accélération du monde : la course constante dans laquelle vivent les peuples occidentaux, les flux d’information, l’exigence de réactivité, l’hystérie médiatique…
Au croisé de l'intime et du collectif, la réflexion sur le rythme de nos vies apparait comme une problématique essentielle mais reste peu présente dans le débat public. De plus en plus de personnes font cependant le choix d'organiser leur vie et leur travail en résistance à ce tempo devenu trop rapide et trop difficile à vivre. Ces modèles alternatifs questionnent notre rapport au temps, à notre santé, mais aussi à l'écologie.
Les Champs Libres, avec le magazine Kaizen et le webmédia KuB ont souhaité donner à voir et à réfléchir sur ces différentes expériences. Cette enquête prend la forme d'une série documentaire, riche de plusieurs médias – podcasts, textes, vidéos – en plusieurs volets. Ce projet s'inscrit dans le cadre d'un appel à créativité croisée, lancé par Rennes Métropole.

ÉPISODE 4 : L’exotisme à petits pas
Le slow travel, concept à la mode pour citadins ou nouvelle façon de réinventer le voyage ? Et si l'exotisme n'était pas de voyager à l'autre bout du monde mais de prendre le temps d'arriver à destination ?
📼 Quand on partait de bon matin
🎧 Voyage aux mille et un chemins
À vélo entre la Bretagne et Téhéran ou à pied et en paddle dans le sud de la France, Isabel et Benoît, adeptes des voyages en mobilité douce, nous racontent leur périple.
Leur récit est complété par l'analyse de deux sociologues qui nous livrent leur vision sur le slow tourisme, ses particularités et son accessibilité.
Avec Isabel Del Real et Benoît Bernard, slow travelers ; Felipe Koch, sociologue ; Jean Viard, sociologue. Réalisation : Alicia Blancher (Kaizen magazine).
📷 Balade printanière
S'échapper de la ville à l'aube du printemps pour une randonnée pédestre où la destination importe moins que le chemin pour y arriver.
Crédits photos : Lise Gaudaire










Lise Gaudaire vit et travaille à Rennes.
Diplômée de l’École Supérieure d’Art de Lorient en 2007, elle a d’abord travaillé des séries de portraits consacrées à son père paysan, à l’enfance en famille d’accueil et au passage de l’adolescence à l’âge adulte, avant de s’intéresser davantage aux rapports que l’homme entretient au paysage, à son territoire, à la manière qu’il a de le regarder et de l’appréhender et en particulier ceux qui le travaillent.
Du 8 octobre 2022 au 8 janvier 2023, les Champs Libres présentent sa série Les Oasis, je marche dans le lit des rivières.
🖋 1 kilomètre, 2 kilomètres, 3 kilomètres...
Partir en vacances à vélo, c’est savourer chaque kilomètre parcouru, admirer chaque libellule, chaque oiseau qui vous accompagne sur quelques mètres, c’est méditer sans être assis en lotus, c’est faire une pause quand bon vous semble, à l’ombre d’un chêne quand il fait chaud, dans un abri de fortune quand il pleut, quand une mûre vous tend les bras…
Cela vous donne-t-il envie de passer au slow tourisme ?
Voyager, j’avais l’impression de connaître, de savoir ce que ça signifiait. J’avais fait un tour du monde, en 2001, effectué quelques autres périples à Cuba, au Canada, etc. et je faisais partie d’une association de voyageurs : ABM (Aventure du bout du monde). Pourtant, c’est bien en partant à vélo en 2012, depuis mon domicile - Paris à l’époque - pour rejoindre Amsterdam, en quinze jours, que j’ai vraiment compris le sens du mot voyager.
Est-ce lié au mode de transport ? Au fait de choisir tous les soirs un itinéraire pour avancer le jour suivant ? Aux diverses péripéties, comme une pédale qui casse en pleine campagne ? Aux découvertes savoureuses, comme le Familistère de Guise imaginé par l’industriel Godin pour ses ouvriers ou une baraque à frites exceptionnelle, à Maubeuge ? Aux rencontres inoubliables, comme cette famille belge en grande précarité, vivant à l’année dans un camping, qui nous prête une bâche pour nous abriter pendant un orage violent ou ce couple, qui me donne une chambre à air alors que je n'ai plus de rustines ?
À vélo, on prend aussi conscience du fait que ralentir est un choix qui décuple les plaisirs.
Toujours est il que, pour la première fois, je ne me sentais plus comme un touriste, mais comme un voyageur.
La nuance peut questionner.
Selon moi, la grande différence est qu’en cheminant de la sorte, on devient acteur autonome de son voyage.
On ne dépend plus d’un train, d’un avion, etc. On n’est pas assis passivement à regarder un paysage qui passe trop vite sans même pouvoir cueillir une mûre. Oui, la mûre est la cerise (gratuite) sur le porte-bagages du cyclotouriste ! On reprend en main – en jambes aussi – ses vacances.
Depuis cette première escapade, c’est devenu un rituel.
Chaque été, je pars à vélo.
C’est bon pour le corps, la tête, la planète.
À vélo, on prend aussi conscience du fait que ralentir est un choix qui décuple les plaisirs. Ralentir ouvre la porte des saveurs, des émotions, des rencontres…
Tout ceci vaut aussi pour la randonnée pédestre – en famille, avec un âne, c’est encore plus fort – ou tout autre mode d’itinérance « lent », à « vitesse humaine ».
Alors, en vacances, prenons le temps… de vivre !
— Par Pascal Gréboval, rédacteur en chef de Kaizen, et cyclotouriste depuis plusieurs années.
⌚ À suivre
Pour aller + loin
En 2017, à l'occasion de l'arrivée de la LGV à Rennes, les Champs Libres organisaient un cycle "Envie de Ralentir". À cette occasion, nous avions reçu Carl Honoré, journaliste, écrivain et pionnier de la slow attitude pour une rencontre, à retrouver ici.